Il y a encore des cartons à
déballer. Les enfants sont tous à l’école, c’est leur première rentrée scolaire
ici. Ca fait cinq minutes qu’Alice est assise devant une tasse de café dans sa
cuisine. Elle se demande de quoi sera faite cette nouvelle vie dans ce pays où
l’emmène la carrière de son mari. Curiosité et inquiétude se mélangent ;
envie de découvrir et tristesse d’avoir laissé sa vie parisienne si familière…
Pour Jeanne c’est la routine. Ses
enfants ont retrouvé leurs copains et copines à l’école. Le co-voiturage
scolaire est organisé avec les voisines. Jeanne reprend ses activités :
cours de langue, sport et bénévolat. Un bémol toutefois : sa meilleure
amie, complice de ses expéditions en ville, est rentrée en Europe. Et deux
familles sympathiques de son quartier sont reparties vers d’autres horizons.
L’entraide de dernière minute fonctionnait si bien. Soupir…
La rentrée de Lucie n’en est pas
tout à fait une. Son plus jeune fils a eu son bac en juin dernier et vient de
commencer des études en France. Tous ses enfants sont dispersés. Le nid est
vide, la maison est silencieuse. Des
plages de temps libres s’offrent à elle. Quel changement ! Mais pour le
moment Lucie ne sait pas du tout que faire de tout ce temps disponible auquel
elle aspirait tant…Elle se sent un peu perdue. Quelles sont ses besoins, ses
envies ? Difficile à percevoir après s’être tellement occupée des études
et des projets d’avenir de son garçon…
Il y a aussi Marie qui est
devenue grand-mère sur le sol de l’expatriation. Son mari est retraité. Tous
deux restent dans leur pays d’accueil pour voir grandir leurs petits-enfants.
Marie connait tout du fonctionnement de la vie quotidienne dans ce pays qu’elle
pratique depuis un quart de siècle.
Marie est un peu lasse de voir arriver et partir des flots de familles.
Elle a l’impression que ses investissements amicaux sont perdus et, à chaque
départ d’une amie, elle se sent comme abandonnée. Pourtant elle est convaincue
que sa vie est ici, il y a si longtemps qu’elle a quitté son pays d’origine,
elle ne pourrait plus vivre ailleurs.
Alice, Jeanne, Lucie, Marie sont
à des temps différents de leur cycle familial. Elles partagent cependant le
fait de vivre en expatriation. Alice,
Jeanne, Lucie et Marie, c’est toi, c’est moi. Et chaque rentrée scolaire est un
moment délicat : il faut retrouver un élan intérieur pour avancer
dans la vie au-delà des au revoir, des départs, des renoncements. Recommencer
sans cesse est un des défis de la vie d’expatriée, un défi qui demande du
courage, de l’énergie, de la créativité. Pour ce faire, chacune est invitée à
laisser le passé là où il est. Le passé a été peut-être particulièrement riche
d’événements, d’activités, d’amis chers… Il faut les laisser à leur place, ne
pas retenir ceux qui sont partis, ne pas s’accrocher… Ce lâcher-prise permettra
de retrouver l’élan de recommencer quelque
chose de neuf et d’accueillir les nouvelles familles arrivantes.
Ne pas comparer... |
Vivre le présent est une autre
condition pour vivre une expatriation féconde. Nous sommes constamment
orientées vers l’avenir : nous organisons la semaine, prévoyons les
prochaines vacances, nous imaginons déjà ce que sera l’an prochain, nous sommes
« surbookées » et nous oublions de faire de la place au présent.
Fragilité du présent |
La convivialité et la solidarité
en seront les fruits. Elles ont deux sœurs : la créativité et la
générosité. On en reparle ?
Belle rentrée à toutes et
tous !
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