dimanche 31 mars 2013

Incertitude


Par où commencer ce nouveau blog ? J’y pense depuis longtemps, je ne trouverai pas la formule parfaite alors il est temps que je m’y mette sinon il ne se passera rien. Faut-il commencer à parler de l’arrivée en poste, ou bien du départ ? Ces événements sont tous les deux prenants et sont liés car quand on part, c’est pour arriver ailleurs. On en parlera car j’ai tranché et je vais entreprendre de parler de l’entre-deux.


Partira ? Partira pas ? Alice vit depuis environ trois années dans un lieu qu’elle a appris à apprécier. Elle s’y sent à l’aise. Sa maison qui est loin d’être parfaite à ses yeux, est cependant son chez soi, le quartier où elle habite est très agréable et présente beaucoup d’avantages. Les enfants vivent leur routine scolaire correctement, chacun a créé son réseau amical. Ils ont fait d’énormes progrès dans la langue de leur pays d’accueil.  Alice s’est développé un emploi du temps qui lui convient. Entre activités sportives, sociales, culturelles et autres, sans oublier la famille et la maison, elle a trouvé son rythme et en est contente.
Le mari d’Alice aussi se plaît dans son travail.  Si le rythme est toujours intense, il s’y est adapté et prend les choses avec souplesse, et tout roule normalement. Mais, oui, il y a un “mais”, il est temps pour lui de partir vers de nouveaux défis et de laisser la place à d’autres. Car tous sont prêts à venir là où il se trouve actuellement. Des bruits courent dans son milieu professionnel. Prêt à partir ? Oui, prêt à exercer ses talents professionnel ailleurs… les grandes manoeuvres ont commencé, le lobby interne à l’entreprise fait rage.  Quelle influence a-t-il sur la prise de décision ? Pas tant que ça, même très peu, voire pas du tout.
Dans la famille d’Alice, on commence à en parler et, si le départ semble se préciser, la destination reste encore incertaine.

Le jour où Alice  entend pour la première fois l’évocation d’une destination, elle a un petit choc. Sans lien direct avec la ville ou le pays en question mais pour Alice c’est une première écaille qu’on arrache de sa vie actuelle. Aie ! Ça fait un peu mal ! Depuis, Alice n’arrive plus à penser. Elle a cassé une assiette et deux verres en une semaine, pour elle, cela signifie qu’elle a du mal à se concentrer. Son esprit s’en va dans toutes les directions. Là-bas, et ici. Aller et retour.

Un imprévu survient. Le mari d’Alice se voit subitement proposer une seconde destination. Quoi ? Comment ? Que se passe-t-il ? Difficile de connaître les détails. L’imagination du couple s’exerce à diverses hypothèses puis ils se mettent à imaginer ce que pourrait être leur vie dans cette ville nouvellement annoncée. Les avantages et les inconvénients défilent. Des ébauches de projets aussi.
STOP. Rien n’est certain. Tant que ce mouvement n’a pas été ratifié par les autorités tout est fragile.

Cette situation perdure depuis quelques semaines. Tant Alice que son mari se sentent comme balancés au bout d’un fil. Ils ne font plus aucun projet. Alice ressent cette incertitude percoler à tous les niveaux de sa vie et se transformer en indécision perpétuelle. Au point que les activités du week-end sont à chaque fois en suspens. Rester à la maison ou faire une excursion ? Sortir au cinéma ou recevoir des amis à dîner ? Les activités les plus simples sont devenues difficiles à organiser. Même le matin Alice ne sait pas quels vêtements enfiler, la préparation des repas aussi est devenue un lieu d’hésitation quotidienne. Les repères sont momentanément brouillés. Alice se rend compte que le jour où la destination sera enfin connue, sa vie reprendra un cours normal car elle saura dans quelle direction aller. Tout s’arrangera, Alice en est sûre. Entretemps elle en a assez, son mari aussi, et les enfants ressentent l’inconfort de cet état d’entre-deux.

La patience et un ancrage renouvelé dans le quotidien sont les outils qu’Alice s’efforce de développer. L’écoute attentive et sans jugement de quelques amies choisies lui est aussi bien précieuse. Alice sent que l’inconfort de son état est reconnu.  A son tour elle peut soutenir son mari et ses enfants jusqu’à ce que leur avenir à tous se précise.