Par
où commencer ce nouveau blog ? J’y pense depuis longtemps, je ne trouverai pas
la formule parfaite alors il est temps que je m’y mette sinon il ne se passera
rien. Faut-il commencer à parler de l’arrivée en poste, ou bien du départ ? Ces
événements sont tous les deux prenants et sont liés car quand on part, c’est
pour arriver ailleurs. On en parlera car j’ai tranché et je vais entreprendre
de parler de l’entre-deux.
Partira
? Partira pas ? Alice vit depuis environ trois années dans un lieu qu’elle a
appris à apprécier. Elle s’y sent à l’aise. Sa maison qui est loin d’être
parfaite à ses yeux, est cependant son chez soi, le quartier où elle habite est
très agréable et présente beaucoup d’avantages. Les enfants vivent leur routine
scolaire correctement, chacun a créé son réseau amical. Ils ont fait d’énormes
progrès dans la langue de leur pays d’accueil.
Alice s’est développé un emploi du temps qui lui convient. Entre
activités sportives, sociales, culturelles et autres, sans oublier la famille
et la maison, elle a trouvé son rythme et en est contente.
Le
mari d’Alice aussi se plaît dans son travail.
Si le rythme est toujours intense, il s’y est adapté et prend les choses
avec souplesse, et tout roule normalement. Mais, oui, il y a un “mais”, il est
temps pour lui de partir vers de nouveaux défis et de laisser la place à
d’autres. Car tous sont prêts à venir là où il se trouve actuellement. Des
bruits courent dans son milieu professionnel. Prêt à partir ? Oui, prêt à
exercer ses talents professionnel ailleurs… les grandes manoeuvres ont
commencé, le lobby interne à l’entreprise fait rage. Quelle influence a-t-il sur la prise de décision
? Pas tant que ça, même très peu, voire pas du tout.
Dans
la famille d’Alice, on commence à en parler et, si le départ semble se
préciser, la destination reste encore incertaine.
Le
jour où Alice entend pour la première
fois l’évocation d’une destination, elle a un petit choc. Sans lien direct avec
la ville ou le pays en question mais pour Alice c’est une première écaille qu’on
arrache de sa vie actuelle. Aie ! Ça fait un peu mal ! Depuis, Alice n’arrive
plus à penser. Elle a cassé une assiette et deux verres en une semaine, pour
elle, cela signifie qu’elle a du mal à se concentrer. Son esprit s’en va dans
toutes les directions. Là-bas, et ici. Aller et retour.
Un
imprévu survient. Le mari d’Alice se voit subitement proposer une seconde
destination. Quoi ? Comment ? Que se passe-t-il ? Difficile de connaître les
détails. L’imagination du couple s’exerce à diverses hypothèses puis ils se
mettent à imaginer ce que pourrait être leur vie dans cette ville nouvellement
annoncée. Les avantages et les inconvénients défilent. Des ébauches de projets
aussi.
STOP.
Rien n’est certain. Tant que ce mouvement n’a pas été ratifié par les autorités
tout est fragile.
Cette
situation perdure depuis quelques semaines. Tant Alice que son mari se sentent
comme balancés au bout d’un fil. Ils ne font plus aucun projet. Alice ressent
cette incertitude percoler à tous les niveaux de sa vie et se transformer en
indécision perpétuelle. Au point que les activités du week-end sont à chaque
fois en suspens. Rester à la maison ou faire une excursion ? Sortir au cinéma
ou recevoir des amis à dîner ? Les activités les plus simples sont devenues
difficiles à organiser. Même le matin Alice ne sait pas quels vêtements
enfiler, la préparation des repas aussi est devenue un lieu d’hésitation
quotidienne. Les repères sont momentanément brouillés. Alice se rend compte
que le jour où la destination sera enfin connue, sa vie reprendra un cours normal
car elle saura dans quelle direction aller. Tout s’arrangera, Alice en est
sûre. Entretemps elle en a assez, son mari aussi, et les enfants ressentent
l’inconfort de cet état d’entre-deux.
La
patience et un ancrage renouvelé dans le quotidien sont les outils qu’Alice
s’efforce de développer. L’écoute attentive et sans jugement de quelques amies
choisies lui est aussi bien précieuse. Alice sent que l’inconfort de son état
est reconnu. A son tour elle peut
soutenir son mari et ses enfants jusqu’à ce que leur avenir à tous se précise.