mercredi 22 mai 2013

Cubage

C'est le troisième, il fait son tour quasi sans parler. Bloc-note en main, son regard parcourt le living d'Alice, les fauteuils, la table basse, la bibliothèque. Il passe à la salle à manger, compte les chaises, regarde si la table est démontable, entre dans la cuisine. Alice ouvre ses armoires. Oui, tout part. Non pas la cuisinière ni le micro-onde. Oui, les meubles de jardin qu'on voit par la fenêtre. Oui, les lits, les bureaux des enfants, les vêtements, les livres, les vélos, la tondeuse...

Alice connaît la chanson. Elle n'en est pas à son premier déménagement. Elle suit avec patience le déménageur qui fait son travail d'estimation. Elle est là et n'est pas là tout à la fois. Tous les accessoires d'une tranche de vie sont étalés et rappellent tant de micro-événements de la vie familiale, des événements amusants aussi comme la visite d'amis qui n'avaient jamais quitté l'Europe, des moments uniques comme le dernier repas où la famille était au grand complet avant le départ des aînés vers l'horizon des études...

Alice attend l'évaluation du cubage. Combien de m3 à emporter vers une nouvelle destination ? Et combien de m3 de souvenirs, d'expériences, de sentiments ? Ah, compliqué à évaluer, ça. Et la difficulté de partir, on peut en mesurer le cubage ? 

Alice a l'impression de s'arracher. Elle part en laissant derrière elle des amies, une maison qui a ses avantages, un quartier dans lequel elle se sent bien, certaines habitudes qui lui facilitent la vie, des activités sociales et sportives. Elle a le sentiment qu'elle n'y arrivera pas. Mais peut-être est-ce nécessaire de ne pas s'agripper, d'ouvrir les mains? 

Peu à peu Alice entre dans la démarche d'abandon. Elle accepte sa situation et se met en vacance de l'obligation de tout garder, de vouloir que sa vie reste telle qu'elle est maintenant. Vacance, de vacuum, le vide en latin. Alice s'allège de l'encombrant. Elle se rend compte qu'elle fait de la place pour ce qui est à venir. 

Au fond, ce déménagement, c'est l'occasion de faire le tri et de n'emporter que l'essentiel. Un déménagement comme un travail d'allègement ? Pourquoi pas ?

Anne

lundi 6 mai 2013

Condamné ou gratifié ?


L'expatriation vue et vécue par un jeune artiste... 



Condamnation ou cadeau ? 
L'enfant ne choisit pas son état d'expatrié. Il le vit. Il en fait ce qu'il peut. En grandissant, il peut exprimer à sa façon ce qu'il a vécu et comment. Voici ce qu'en "dit" mon fils Charles JdB.

Anne